Ce Kaboom de la rentrée est à l’image du dernier Festival de Cannes. Personne n’est d’accord sur rien, tout le monde s’étripe, en quête secrète peut-être, qui sait, au fond d’un film réconciliateur qui ferait communion comme jadis les spirituels OU VA LA NUIT et TREE OF LIFE. Le monde du cinéma est à feu et à sang. L’apocalypse Kaboom est proche.
Les dissensions d’aujourd’hui sont plus franches que d’habitude et expriment les divisions tenaces entre les chapelles de la critique. Elles révèlent aussi une disparité d’âmes qui, au fur et à mesure des années -alors que Kaboom approche de son centième numéro – s’est creusée profondément entre nous quatre.

En chœur avec une presse globalement convertie, voire bigote, il y a ici quelqu’un pour chanter avec l’émerveillement d’un Bouddha CEMETARY OF SPLENDOUR, tandis que d’autres avouent y être aussi sensibles qu’à la méditation transcendantale.
D’autres, en parfaite synchronie avec la spiritualité des frères Coen mais surtout de Sophie Marceau, louent d’une passion dévote DHEEPAN, la Palme d’or de Jacques Audiard, tandis que ses camarades peinent à masquer leur désappointement, leur perplexité. Et ce malgré le brio de prosélytes possédés comme des évangélisateurs pentecôtistes.
Un autre encore prophétise la déification prochaine de Patrick Wang, alors qu’un obscur anathème n’a même pas pris d’inscrire LE SECRET DES AUTRES au programme.
Il y a même - oui, je vous assure- des fous de Dieu pour croire plus encore que Sorrentino lui-même au divin génie de YOUTH, tandis que ses collègues crient à l’aveuglement mystique.
D’autres tantristes dénotent une certaine spiritualité au LOVE de Gaspard Noé quand une voix s’élève contre ce film censément porno qu’il a trouvé aussi captivant qu’une messe en latin.

Rarement de mémoire de kaboomeurs, nos sermons auront été aussi divergents.
Evidemment, il y aura toujours les grosses machines comme MISSION IMPOSSIBLE : ROGUE NATION pour tempérer les esprits au lieu de les échauder. Notre Dieu à tous n’est sans doute pas celui du TOUT NOUVEAU TESTAMENT. Mais peut-être bien Tom Cruise qui, en bon scientologue, est le seul capable de ramener paix et harmonie à l’heure du grand déluge verbal.


Frédéric Mercier