Le 19/11/2011 -

Quel lien entre un loup garou urbain et un piranha des grands lacs, une peluche niaise tout juste bonne à siffloter de la soupe d’ascenseur et un marchand de chaussures mi homme mi fourmi ; une séance de Blanche Neige et un porno amateur, La Vie Est Belle et les infos sur CNN ? Qu’est ce qui est capable de rapprocher un pilote d’essai alcoolique d’un caissier de supermarché hypocondriaque, un extraterrestre débile ne s’exprimant que par slogans publicitaires et un gamin machiavélique, décidé à transformer ses parents en personnages de dessins animés? Qu’est ce qui peut faire se rencontrer une armada de jouets militaires furieusement belliqueux et un commando de GI zombies décidés à voter contre la poursuite de la guerre en Irak ? Comment faire se croiser les routes d’une bande de toons dégénérées et celles empruntées par le peintre Edward Munch? Qui pourrait trouver quoi que ce soit de commun à l’exploration de l’univers et celui de l’utérus féminin, au cinéma d’horreur et aux peintures pariétales ?

Aucun, bien que l’on imagine que Joe Dante aurait pu réussir à monter ensemble toutes ces idées et tous ces personnages dans un même et joyeux maelström bordélique, lui qui s’initia à son métier en débutant comme monteur sur les productions fauchées, sexuées, sanguinolentes et de mauvais goût de Roger Corman. Désigné comme le double sombre, furieusement anti capitaliste de Steven Spielberg dans les années 80, cinéaste maudit dans les années 90, il participa à la régénérescence, en terme qualitative, des productions télévisuelles au tournant des années 2000.

Un tel cas, une telle énigme méritait bien que Gizmo Kunc, l’inquiétant Docteur Quénault et l’épouvantable Mercier se penchent un peu dessus, histoire d’ausculter au forceps cet univers cinéphile, à la fois poétique, iconoclaste et furieusement libre.


Frédéric Mercier