Le 08/12/2012 -

Année 2440
Institut galactique du cinéma

Mesdames, messieurs, demoiselles et damoiseaux,
nous sommes réunis aujourd’hui pour fêter le 500ème anniversaire de la naissance de Brian de Palma. Comme vous le savez tous, cet établissement illustre, notre institut galactique du cinéma va désormais porter le nom de celui qui, plus que n’importe quel autre, illustre ce qu’est le cinéma. Quand nous demandions il y a peu aux ambassadeurs des planètes X345 et Delta % quel artiste (toutes disciplines confondues) avait à leur sens le mieux exprimé les passions et les contradictions humaines, ils répondirent qu’il y en avait deux : Maurice Pialat et Brian de Palma. À leur sens, ils avaient réussi à leur offrir une image non usurpée de l’humanité. De Palma a en effet mieux montré que quiconque le miroir aux alouettes de la société du spectacle dans PHANTOM OF THE PARADISE et BLOW OUT. Cette même société du spectacle qui aura plongé dans l’obscurantisme le XXIème siècle. De Palma, le prophète, l’avait prédit cinquante ans auparavant. Grâce à OUTRAGES et REDACTED, ils prirent connaissance de toute l’étendue de la barbarie humaine. Avec OBSESSION et PULSIONS, ils découvrirent les arcanes obscurs et méandreux de la psyché et de la libido. Avec SCARFACE et BODY DOUBLE, ils eurent une connaissance exacte, sans faux semblants, de la vulgarité de nos semblables. À ce propos, il convient de rappeler que ces deux films servent encore aujourd’hui à nos plus éminents historiens pour se faire une idée de ce que furent les années 80, décennie de la pornographie en vidéo, du toc, des yuppies et du fric facile. Avec CARRIE et FURIE, ils s’aperçurent que l’être humain était capable presque trois siècles à l’avance d’avoir l’intuition des futurs pouvoirs dont il allait finir par se doter. Avec SNAKE EYES et MISSION : IMPOSSIBLE, ils se rendirent à l’évidence que l’homme était d’abord un manipulateur intéressé et un menteur invétéré. Enfin, avec L’IMPASSE, nous les firent pleurer, permettant ainsi à nos cultures de se comprendre, d’éprouver de l’empathie et de faire enfin la paix.

Vous ne me croiriez pas si je vous disais qu’au XXème siècle, de Palma fut longtemps discuté et disputé. Certains critiques affirmèrent même qu’il avait été un temps, à ses débuts, l’artiste le plus controversé de sa génération. Ainsi en est-il de ces quelques génies qui ont su mettre à nu l’âme humaine avec un esprit joyeux et ludique. C’est à dire en pensant toujours à communiquer aux autres leur propre plaisir de filmer.

Dans cet enregistrement datant de l’an de grâce 2012, vous entendrez trois critiques de l’époque discuter à son propos. Vous verrez que certains comme le pourtant illustre Vincent Quénault (auteur d’un essai monumental sur les robes et les fleurs dans les films historiques au cinéma) se montrèrent sceptiques à l’égard de l’auteur des INCORRUPTIBLES. Certains comme le grand Nicolas Kunc (cinéaste de films fantastiques que l’on ne présente plus puisqu’il a donné son nom à l’antique Hollywood devenu, comme vous le savez, Kuncwood) s’interroge sur une filmographie qu’il aime parfois et qu’il juge inégale. D’autres comme Frédéric Mercier ont su immédiatement voir et chanter le génie immortel de notre maître à tous. Malheureusement, pour sa part, il est aujourd’hui totalement oublié comme quoi il n’y a pas que les artistes qui prennent le risque d’être maudits. Les critiques aussi peuvent le devenir.

Je vous laisse donc à l’écoute de ce document historique exceptionnel dans cette belle salle Caïn de l’Institut Brian De Palma.


F.M.