Le 22/12/2012 -

Ghibli, Hisaishi, Nausicaa, Pazu Cheeta, Mei Kusakabe, Totoro, Kiki, Koriko, Porco Rosso, Ashitaka, Dame Eboshi, Mononoké, Chihiro, Aku, Yubaba, Hauru et enfin Ponyo. Si vous n’êtes pas familier de la langue japonaise ou un admirateur éperdu de l’œuvre d’Hayao Miyazaki, bravo d’être parvenus jusqu’à cette ligne. Notre admiration est sans bornes. Vous méritez presque que l’on vous consacre notre prochain Kaboom Klassic.

Nous n’y pouvons rien mais il se trouve que parfois nous sommes si investis par nos émissions - comme celle-ci pour Noël sur Miyazaki - que nous ne réalisons pas combien nous vivons isolés, emmurés et habitués à des personnages, des films, des termes auxquels certaines personnes ne doivent absolument rien comprendre. Il faudrait pour se faire une idée de ce décalage imaginer la tête de Nicolas Kunc en train de se réveiller, de courir en culotte courte vers le sapin de Noël, déchirer son papier cadeau et découvrir que pour tout présent, on lui a offert « Le Grand Livre de La Broderie Suisse ». Ou celle de Vincent Quénault qui, après une nuit à guetter le Père Noël découvrirait sous ses belles chaussettes: « Syndrome hémolytique et urémique à Escherichia coli : quels enseignements tirer après l’épidémie européenne de 2011 ? »
Et enfin, mon visage consterné en trouvant sur la cheminée le tome 11 pour prévenir des fraudes fiscales. Ça n’a l’air de rien mais ces bouquins feraient sans doute plaisir respectivement à un néphrologue, un brodeur tatillon, un expert comptable passionné ou un vrai masochiste pathologique.

Il se trouve en effet que plus nous écoutons d’émissions de ciné, lisons de revues, discutons entre nous, plus nous sentons que les plumitifs et autres « gargariseurs » des ondes ont l’air de s’adresser à un cénacle restreint de connaisseurs patentés. Bref, on ne parle qu’à ceux avec qui l’on peut discuter. Cela est très bien et parfois moi-même, ici bas à Kaboom, je me laisse aller à jargonner allègrement. Parfois donc, à force de rester confortablement entre soi, on en oublie la première volonté qui préside au métier de critique : l’envie de faire découvrir et de partager. De voir la bobine ahurie d’un ami, d’un neveu, d’un inconnu dans la salle en train de pénétrer pour la première fois l’univers si riche, si complexe, si étrange de Miyazaki. Nous avons essayé avec ce Kaboom de mettre en avant le plaisir toujours renouvelé que nous procure à chaque révision chaque film, sans exception, de Miyazaki. Et surtout de donner envie aux petits (qui n’auraient pas encore eu le temps de connaître) et aux grands (qui dédaignent un peu le film d’animation pour d’obscures raisons) d’aborder l’œuvre extraordinaire d’un des quelques artistes majeurs et géniaux de notre époque.
Joyeux Noël.


Frédéric Mercier